opérations. Cette manière de procéder indiquera, en outre, l’usage rationnel que l’on peut faire de ces formations, ce qui complétera la question, car ce serait aller contre la vérité que de prétendre qu’il les faut rejeter d’une façon absolue.
Nous venons de voir que, lorsque l’exposition détaillée d’un fait historique tout d’abord choisi ne suffit pas, on peut recourir à de nouveaux exemples pour parfaire la démonstration, mais il faut reconnaître que c’est là un expédient dangereux et dont on fait facilement abus. Il arrive souvent, en effet, qu’au lieu de se donner la peine de développer un seul exemple dans tous ses détails, on préfère en effleurer trois ou quatre, et se donner ainsi l’apparence d’une forte preuve. Or il est des faits, et particulièrement ceux qui se renouvellent le plus fréquemment à la guerre, pour lesquels une douzaine d’exemples ne sauraient rien prouver, par la raison que, sans hésiter, on peut leur opposer une douzaine d’exemples contraires. C’est ainsi que, si quelqu’un citait devant nous un certain nombre de batailles dans lesquelles le vaincu a attaqué en colonnes séparées, nous riposterions aussitôt par un nombre égal de batailles, dans lesquelles le même mode d’attaque a donné la victoire.
Il suffit de réfléchir à la variété des situations, pour comprendre combien il est facile d’abuser des exemples.
Un événement, que l’on se borne à effleurer en passant au lieu d’en reconstituer avec soin les différents actes, est comme un objet que l’on observe de si loin qu’on n’en perçoit que la masse, et dont, par suite, on ne distingue aucune des parties. On conçoit que, exposés de la sorte, les mêmes exemples aient du fréquemment servir à appuyer les opinions les plus contradictoires. C’est ainsi, par exemple, qu’il est des gens qui considèrent les campagnes de Daun comme des modèles