langes héroïques que Bonaparte sut créer, former et conduire à la conquête de l’Europe, pour se faire une idée de ce que peuvent faire des hommes qui, trempés comme de l’airain par une longue habitude du danger, en arrivent à une confiance telle en leurs propres forces, que, sûrs de vaincre, ils ne redoutent aucune fatigue et ne reculent devant aucun effort. Mais, s’il faut avoir vu ce prodige pour y pouvoir ajouter foi, il est d’expérience, par contre, qu’il est encore aujourd’hui des troupes, dans certaines armées européennes, que quelques coups de canon mettent en débandade et contraignent à se disperser.
Mais il n’est pas de traité de science expérimentale, et par conséquent pas de théorie d’art militaire, où il soit possible d’appuyer invariablement tous les axiomes sur des preuves historiques, et il est déjà même fort difficile d’indiquer, d’après les leçons de l’expérience, la manière dont il convient de procéder dans les cas particuliers. Lorsque, mis en œuvre par un général en chef, un moyen s’est montré d’une grande efficacité à la guerre, on le répète, on l’imite, il devient à la mode. Si de nouveaux résultats brillants le confirment, il s’introduit dans les usages, et prend place dans la théorie qui, laissant ainsi l’expérience générale en affirmer la valeur, se borne à l’exposer en en indiquant l’origine.
Il en est autrement, par contre, lorsque, s’appuyant sur l’expérience, il s’agit de déraciner un vieil usage, d’en introduire un nouveau, ou d’éclaircir un sujet douteux, et la théorie doit alors prouver ce qu’elle avance et recourir à des exemples historiques.
Or on peut faire quatre emplois différents de ces exemples :
1o On y peut recourir pour mieux faire saisir ce que l’on veut dire. Dans l’exposition d’une pensée abstraite, par exemple, il peut fréquemment arriver que