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de la théorie de la guerre.

faire connaître au lecteur l’utilité que l’on peut tirer des exemples, et l’abus que l’on en peut faire.


Par la raison que l’observation et l’expérience permettent seules de reconnaître quelles sont, selon que les circonstances et la nature des choses l’exigent, celles des connaissances nécessaires à la conduite de la guerre auxquelles il convient de recourir, il est incontestable que ces connaissances ressortissent aux sciences expérimentales, et, cependant, elles se trouvent modifiées par un si grand nombre de circonstances dans l’application, qu’il n’est jamais possible de reconnaître, à priori, les effets que les moyens employés produiront.

L’expérience a tout d’abord révélé les effets de la poudre, ce grand agent de l’action à la guerre, et depuis lors, et de nos jours encore, on cherche sans cesse à en augmenter la puissance. Qu’un boulet de fonte, auquel la poudre, en s’enflammant, communique une vitesse de mille pas à la seconde, renverse tous les êtres vivants qu’il rencontre sur son parcours, il n’est pas besoin d’avoir fait la guerre pour le comprendre ; mais il est des centaines de conditions secondaires qui déterminent d’une façon plus précise l’action de ce boulet, et qu’un œil expérimenté peut seul reconnaître en partie. Les effets physiques ne sont pas les seuls dont il faille ici tenir compte, mais bien aussi et surtout les effets moraux que l’expérience permet seule de découvrir et d’apprécier. Au moyen âge, à l’époque de leur découverte, si, par suite d’une construction encore très imparfaite, les armes à feu produisaient des effets physiques de beaucoup inférieurs à ceux qu’elles réalisent aujourd’hui, elles exerçaient, par contre, une action morale bien plus considérable.

Il faut avoir vu, sous le feu d’artillerie le plus violent et le plus soutenu, l’inébranlable solidité de ces pha-