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de la théorie de la guerre.

adversaires, tandis qu’en 1812 il s’est trompé sur leur compte, et que, par suite, il eut raison dans les trois premières de ces campagnes et tort dans la dernière, ainsi que le résultat l’a prouvé dans chacune d’elles.

À la guerre, nous l’avons déjà dit, de quelque façon que l’on agisse, le résultat n’est jamais assuré, mais seulement vraisemblable, et ce qui manque à la certitude doit, partout et toujours, être abandonné au hasard ou, si on le préfère, à la bonne fortune. On peut exiger, il est vrai, qu’il n’en soit ainsi que le moins possible, ou, en d’autres termes, que, dans chaque cas particulier, la part laissée à l’imprévu soit strictement celle que la situation comporte, mais, — et nous le démontrerons par la suite, — on commettrait une grossière erreur de déduire de ces considérations, que le procédé le meilleur est toujours celui qui présente le moins d’incertitude. Il est des circonstances où le mode d’action le plus hardi est, en même temps, le mode d’action le plus sage.

Dans tout ce qu’un commandant en chef doit abandonner au hasard, son mérite personnel, et par conséquent sa responsabilité, semblent entièrement disparaître, et, cependant, lorsque le résultat vient à prouver qu’il ne s’est pas trompé dans ses prévisions, nous éprouvons un sentiment intime de satisfaction qui se transforme en désappointement dans le cas contraire. Telle est l’unique signification qu’il convient d’attacher au jugement d’approbation ou de blâme que nous portons sur une opération de guerre, dès que nous appuyons ce jugement sur le résultat même de cette opération, ou, mieux encore, lorsque nous le trouvons contenu dans ce résultat.

Le sentiment de satisfaction ou de désappointement que nous éprouvons ainsi, selon que les prévisions du commandement se réalisent ou non, semble procéder