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de la théorie de la guerre.

sur Vitry, pour essayer de l’effet que la menace de les tourner stratégiquement produirait sur les Alliés, était manifestement aussi basée sur le principe de l’intimidation ; mais, pour lui, la situation était alors bien différente, car il venait d’être battu à Laon et à Arcis, et Blücher se trouvait, avec 100 000 hommes, près de Schwarzenberg.

Il est sans doute des personnes que ne convaincront pas les motifs sur lesquels nous appuyons ici notre raisonnement, mais ces personnes ne sauraient du moins nous objecter que, tandis qu’en poursuivant ainsi Blücher jusqu’au Rhin, Bonaparte eût menacé la base de Schwarzenberg, celui-ci, de son côté, eût réciproquement menacé la capitale, et par conséquent la base même de Bonaparte, car nous croyons avoir surabondamment démontré que, dans ces conditions et par les raisons que nous avons précédemment exposées, le généralissime autrichien n’eût jamais osé marcher sur Paris.

Si, revenant maintenant à l’exemple que nous avons tiré de la campagne de 1796, nous voulons faire la preuve de notre assertion, nous dirons qu’en admettant même que le procédé auquel Bonaparte recourut comportât en soi plus de probabilité de brillants succès que celui que nous lui eussions substitué, le résultat auquel le général français est ainsi parvenu n’a exclusivement été, cependant, qu’à l’honneur de ses armes, et n’a exercé qu’une influence à peine sensible sur la chute de Mantoue. À nos yeux, en se plaçant dans une ligne de circonvallation, il eût été bien plus certain d’empêcher tout secours de pénétrer dans la ville, mais, alors même que, ne partageant pas cette manière de voir et adoptant celle de Bonaparte, on prétendrait que son procédé présentait plus de chances de brillants succès, la question ne ferait que changer de face, et il faudrait encore se