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de la critique.

la raison que cette seconde manière de procéder fait nécessairement perdre du temps, tandis que la première permet d’utiliser la totalité de la prépondérance acquise, et présente de plus grandes chances de succès contre un adversaire dont la force morale est affaiblie par les pertes qu’on lui a déjà infligées.

2o  Bien qu’il disposât de moins de forces que Schwarzenberg, Blücher, en raison de l’extrême résolution de son caractère, devait cependant être considéré comme le plus important des deux, car, représentant ainsi le centre de gravité de la puissance des Alliés, il les devait nécessairement tous entraîner dans sa direction.

3o  Les pertes que les différents corps de Blücher avaient subies, dans ces combats successifs, n’étaient pas inférieures à celles qu’il eût essuyées dans une défaite en bataille rangée, et, par suite, la prépondérance que son adversaire avait sur lui était telle, que, n’ayant pas de renforts importants à recueillir sur sa ligne de retraite, il était à peine douteux qu’il ne fût contraint de rétrograder jusqu’au Rhin.

4o  À l’exception de celui-là, il n’était pas possible d’imaginer un procédé qui pût conduire Bonaparte, dans la situation où il se trouvait, à un résultat à la fois si colossal, si terrible et si inattendu, ce qui, étant donné le caractère timoré et l’irrésolution du commandement du généralissime autrichien, était d’une importance capitale. Ce que les combats de Montereau et de Mormant coûtèrent, le premier au prince royal de Würtemberg et le second au comte Wittgenstein, le prince de Schwarzenberg le dut naturellement assez exactement connaître, tandis qu’il n’eût appris, qu’amplifiés encore par les cent voix de la rumeur publique, tous les désastres que Blücher, isolé et coupé de lui, eût essuyés sur sa ligne de retraite, depuis la Marne jusqu’au Rhin. La direction désespérée que Bonaparte prit à la fin de mars