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la même voie sans exception, et ne se sont pas imposé une impartialité absolue.

De l’obligation d’opposer un moyen à celui que l’on désapprouve, est né un genre de critique aujourd’hui presque seul en usage, et qui consiste à se contenter d’indiquer le procédé que l’on affirme être meilleur, sans même prendre la peine de prouver l’assertion. Il en résulte que l’on ne convainc pas tout le monde, que d’autres écrivains affirment autre chose sans prouver davantage, et que la littérature militaire est remplie de controverses, qui n’ont pas plus de bases rationnelles d’un côté que de l’autre.

Dès qu’il peut rester l’ombre d’un doute sur la préférence à accorder au moyen proposé, en opposition à celui qui a été employé, la preuve que nous réclamons ici est absolument indispensable, et, dès lors, elle consiste à examiner chacun des deux moyens d’après ses propriétés, et à les comparer tous deux par rapport au but à atteindre. Lorsque, en procédant ainsi, on a ramené les choses à des vérités simples, si la discussion n’est pas encore terminée, elle conduit du moins à de nouveaux résultats, tandis que, dans le genre de controverse que nous condamnons, le pour et le contre s’annihilent sans cesse.

Si, par exemple, dans le dernier des deux événements historiques que nous venons d’exposer, ne nous bornant pas à ce que nous avons uniquement cherché à prouver, nous avions voulu, en outre, démontrer la vérité de cette affirmation, que la poursuite ininterrompue de Blücher eût été meilleure que le retour contre Schwarzenberg, nous nous serions appuyé sur les vérités simples suivantes :

1o  Il est en général plus avantageux de continuer à produire les chocs dans la même direction, que de porter ses forces alternativement en avant et en arrière, par