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de la théorie de la guerre.

séquences que cet événement capital a entraînées pour l’ensemble de la guerre ou de la campagne ; mais une partie seulement, car, dans l’enchaînement des événements qui se sont produits depuis la bataille elle-même, la recherche des effets révélera nécessairement encore des causes qui ont également dû contribuer au résultat final.

À mesure que le point de vue s’élève, la même diversité d’objets se révèle dans l’examen des moyens, car, plus le but à atteindre était éloigné, et plus grand a dû être le nombre des moyens auxquels il a fallu recourir. C’est ainsi que, les armées opposées ayant concurremment poursuivi le dernier but de la guerre, dans l’examen des moyens qui ont dû y conduire, il faut nécessairement à la fois prendre en considération, et tout ce que chacune des armées a fait, et tout ce qu’elle aurait pu faire.

On comprend que cette manière de procéder doive parfois étendre les considérations à de si vastes espaces, que l’on s’y puisse facilement égarer, en raison de l’énorme quantité de suppositions auxquelles on est obligé de se livrer, sur des choses qui ne se sont peut-être pas réalisées, mais que leur vraisemblance ne permet cependant pas de rejeter.

Un exemple nous fera mieux comprendre.

Lorsque, à la tête de l’armée d’Italie en mars 1797, Bonaparte se porta du Tagliamento sur l’archiduc Charles, son intention était, avant que celui-ci n’eût reçu les renforts qu’il attendait du Rhin, de le contraindre à une action décisive. Si l’on ne considère que le résultat immédiat, le moyen était bien choisi, et l’événement l’a prouvé, car, ne se sentant pas en forces, l’archiduc ne fit qu’un semblant de résistance sur le Tagliamento, et, dès qu’il eut reconnu la supériorité numérique et l’esprit de résolution dont son adversaire était animé, il lui