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de la critique.

duit directement, mais ce but lui-même comme moyen nouveau d’arriver à un but plus élevé, de manière à remonter ainsi la série des buts subordonnés les uns aux autres, jusqu’à ce qu’on en découvre un auquel on peut enfin s’en tenir, parce qu’il s’impose de toute nécessité. Dans un grand nombre de cas, alors surtout qu’il s’agit de dispositions capitales ou décisives, il faut même pousser l’examen jusqu’au but final, c’est-à-dire au but qui a directement conduit à la paix.

Il est clair que, à chacune des stations successives de cette recherche ascendante, de nouveaux horizons s’ouvrent pour le jugement, de sorte que le même moyen, qui semble avantageux lorsqu’on le considère de l’un des points de vue intermédiaires, peut très bien ne plus répondre à la situation, lorsqu’on l’observe du point de vue immédiatement supérieur.

La recherche des causes des phénomènes, et l’appréciation des moyens mis en œuvre, marchent toujours de front dans l’étude critique d’un acte, parce que la première peut seule permettre à la seconde de reconnaître les choses qui méritent d’être l’objet de son examen.

Cette recherche de la manière dont les causes s’enchaînent, d’un bout à l’autre de l’acte de guerre, présente de très sérieuses difficultés. Plus un événement est considérable, en effet, et plus nombreuses sont les forces et les circonstances particulières qui concourent à le déterminer, de sorte que, plus la cause que l’on recherche est éloignée de l’événement qu’elle a produit, et plus grand est le nombre des causes incidentes qu’il faut en même temps reconnaître et isoler, et dont il convient également de tenir compte pour la part qu’elles ont pu prendre à l’événement. Il est certain, par exemple, que, lorsque l’on a reconnu les causes de la perte d’une bataille, on a déjà découvert une partie des causes des con-