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de la théorie de la guerre.

la présence de l’ennemi ne permet pas de reconnaître sur quelles conditions il conviendrait de baser l’action, soit parce que, en raison de la grande étendue du théâtre des opérations ou de l’extrême complication des événements, on manque du temps nécessaire pour apprécier la situation, — et, dès lors, il faut nécessairement prendre les dispositions de manière à être en état de répondre à un certain nombre d’éventualités.

2o Lorsque l’on considère l’innombrable quantité de circonstances secondaires dont il serait utile de tenir compte dans chaque cas particulier, et que l’on est cependant contraint de regarder comme se neutralisant les unes les autres, on comprend bien que, en pareille occurrence, il faille uniquement baser ses dispositions sur des probabilités générales.

3o Enfin, lorsque l’on réfléchit que le nombre des chefs grandit en progression croissante à mesure que la position hiérarchique s’abaisse, et que, en raison du degré probable du jugement de chacun d’eux, il devient d’autant plus difficile de s’en rapporter au hasard ou aux dispositions naturelles que le grade est moins élevé, on en arrive à reconnaître que, là où il faut uniquement compter sur la pénétration d’esprit que donnent l’expérience et la connaissance des règlements de service, on doit de toute nécessité recourir au méthodisme. Dans ces conditions, en effet, le méthodisme peut seul appuyer le jugement, et le garantir des exagérations et des erreurs, qui sont si dangereuses dans un milieu où le manque d’expérience coûte si cher.

Le méthodisme est donc indispensable, mais il présente, en outre, cet avantage positif que, par le retour constant de son emploi, il développe, dans le maniement des troupes, une habileté, une précision et une aisance qui facilitent beaucoup le fonctionnement de la machine militaire, en en diminuant les frottements habituels.