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de la théorie de la guerre.


De ce que le savoir est très simple à la guerre il ne s’ensuit pas qu’il soit très facile.


Bien que le savoir soit très simple à la guerre, parce que, dirigé sur un petit nombre d’objets, il n’en vise même jamais que les derniers résultats, on n’en saurait cependant conclure qu’il soit d’une application facile. En effet, à l’exception de celles que le courage peut surmonter par lui-même, le savoir se heurte sans cesse à toutes les difficultés générales auxquelles nous avons reconnu, dans le livre précédent, que l’action est soumise à la guerre ; et l’on peut affirmer que l’activité de l’esprit n’est simple et facile que dans les grades inférieurs, que les difficultés qu’elle rencontre croissent à mesure que la situation s’élève, et que, dans le commandement en chef, elles deviennent enfin telles, qu’il les faille compter au nombre des plus considérables que l’intelligence humaine ait jamais à résoudre.


Nature du savoir à la guerre.


Il n’est pas nécessaire qu’un général en chef connaisse à fond l’histoire des peuples et le droit international, mais il doit être familier avec les grands rapports des États, et se rendre exactement compte des tendances habituelles, des intérêts en litige, des questions pendantes et des personnalités influentes. Il n’a pas besoin d’être un grand observateur de la nature humaine ; mais il doit pouvoir apprécier le caractère, la façon de penser, les habitudes et les défauts de ceux qu’il est appelé à diriger. Il n’a pas à entrer dans les détails ; — peu lui importe la manière dont on construit les fourgons et dont on attelle les chevaux aux pièces de l’artillerie ; — mais, par contre, et dans quelques conditions qu’elle