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de la théorie de la guerre.

duire leurs effets. — La stratégie fait également usage de cartes à l’établissement desquelles elle n’a pas concouru ; elle n’a pas davantage à considérer de quelle manière il convient d’organiser un pays, et d’en éduquer et diriger la population, pour assurer à ce pays la suprématie à la guerre. Elle prend ces données telles que les lui fournit l’état social de l’Europe, et se borne à reconnaître l’influence que chacune des diverses organisations peut exercer sur la guerre.


On arrive ainsi à une grande simplification du savoir nécessaire à la conduite de la guerre.


Il est facile de comprendre que cette manière de procéder réduit considérablement le nombre des sujets que la théorie a à étudier, et simplifie beaucoup le savoir nécessaire à la conduite de la guerre. De même que toutes les eaux d’une contrée se réunissent en rivières avant de se jeter dans la mer, de même la grande masse des connaissances et des aptitudes qui concourent d’une façon générale à l’activité guerrière, — et y aident déjà dès avant que l’armée organisée n’entre en campagne, — se réunissent en un petit nombre de grandes catégories avant d’atteindre le but final de leur action, de sorte que, pour les gouverner toutes, le commandant en chef n’a qu’à reconnaître celles d’entre elles qui se jettent directement dans l’océan de la guerre.


Il n’est pas nécessaire qu’un chef d’armée soit un savant, et c’est là ce qui explique la formation rapide de tant de généraux illustres.


C’est ainsi que, dans les emplois les plus élevés de la hiérarchie militaire, voire même dans celui de commandant en chef, on a si souvent vu se signaler tout à coup,

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