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de la théorie de la guerre.


De la diversité des individualités intellectuelles provient la diversité des voies qui conduisent au but à la guerre.


C’est à cette grande diversité des individualités intellectuelles qui se manifeste d’autant plus qu’il s’agit de situations hiérarchiques plus élevées, et s’affirme surtout dans les fonctions mêmes du commandement en chef, qu’il convient, en grande partie, d’attribuer le phénomène que nous avons déjà signalé, dans le livre précédent, du grand nombre de voies différentes qui conduisent au but à la guerre ; c’est elle aussi qui donne à la chance et au jeu des probabilités une si grande autorité sur les événements.


2e groupe. — Réaction vivante.


La réaction vivante et la contre-réaction qu’elle provoque forment le second groupe des objets qui modifient la nature de l’action à la guerre. Nous l’avons déjà reconnu, il est toujours difficile d’apprécier les effets des forces morales, mais ici la difficulté de calculer une pareille réaction est d’autant plus grande, que la nature de la contre-réaction qui s’en suit échappe à toutes les prévisions. L’effet que telle ou telle disposition produit sur l’adversaire est la plus individuelle de toutes les données sur lesquelles on puisse baser l’action à la guerre. Or, la théorie devant s’en tenir à des classes entières de résultats, les cas individuels échappent à sa compétence, et, partout où ils se présentent, c’est au génie et au talent seuls de décider ce qu’il convient de faire. À la guerre, où le plan conçu sur des données générales se trouve si souvent troublé par des phénomènes individuels inattendus, il est donc naturel de laisser une plus large part au talent, et de faire moins fréquemment