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de la théorie de la guerre.

bordonner la conduite de la guerre à un autre élément matériel, en faisant entrer le service des subsistances dans l’organisme même de l’armée. En procédant ainsi, on arrivait également à des combinaisons de nombre ; mais ces combinaisons ne reposent que sur des données arbitraires, et ce système se montra absolument impuissant dans l’application.


Base.


Un esprit ingénieux essaya de réunir en une notion unique, — celle de la base de l’armée, — toute une série de conditions, telles que le service des subsistances, le ravitaillement en hommes et en objets d’équipement, la sécurité des communications avec la patrie, et celle de la retraite lorsqu’elle devient nécessaire, etc., etc., etc. Il commença par substituer cette notion unique à toutes ces conditions isolées, puis l’étendue de la base à la base elle-même, et en arriva enfin à ne considérer que l’angle que cette base forme avec le front de la position occupée par l’armée. Or, lorsque l’on réfléchit qu’aucune de ces substitutions ne peut être faite sans blesser la vérité et sans rejeter une partie des éléments contenus dans la notion primitive, on se rend bien compte que tout cela ne peut conduire qu’à un résultat exclusivement géométrique et sans aucune valeur pratique. L’idée de la base est indispensable dans la stratégie, et c’est un mérite d’être arrivé à cette conception, mais il est absolument inadmissible qu’on en fasse l’emploi que nous venons d’indiquer, car ce ne serait considérer la question que par l’un de ses nombreux côtés. C’est là précisément ce qui a entraîné l’auteur de ce système dans la plus fausse des directions, en le portant à attribuer une action supérieure à la forme enveloppante.