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de la théorie de la guerre.


On s’en tint donc aux objets matériels.


Les faiseurs de théorie virent assez promptement où gisait la difficulté, et, pour la tourner, se crurent en droit de revenir aux anciens errements, c’est-à-dire de ne baser leurs principes et leurs systèmes que sur des objets matériels, et, par suite, de négliger toutes les questions d’ordre moral dans la direction à imprimer à l’action militaire. Dès lors, ainsi que cela a lieu pour les activités qui la préparent, on ne devait chercher à atteindre à la guerre que des résultats positifs et certains, et, par conséquent, il fallait exclure des combinaisons tout ce qu’on ne pouvait d’avance déterminer par le calcul.


Supériorité numérique.


La supériorité du nombre constitue un coefficient matériel. On la choisit entre tous les facteurs qui concourent à produire la victoire, parce que, par des combinaisons d’espace et de temps, on peut la soumettre à des lois mathématiques. On croyait pouvoir faire abstraction de toutes les autres conditions, et par conséquent les neutraliser entre les deux adversaires, en les supposant égales de part et d’autre. On eût pu raisonner de la sorte si l’on eût cherché, par là, à se rendre compte des rapports de supériorité de ce coefficient matériel ; mais lui accorder une valeur constante, et faire consister tout le secret de la conduite de la guerre dans l’art de se procurer la supériorité numérique en un temps et sur un point donnés, c’était poser à la force des choses des limites absolument impuissantes.


Entretien des troupes.


On chercha encore, dans un traité théorique, à su-