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de la théorie de la guerre.

et est différente de l’activité qui la dirige. L’armement et l’équipement n’appartiennent pas essentiellement à la notion de la lutte, car c’est encore lutter que de lutter sans armes.

La lutte détermine la nature des armes, et celles-ci modifient à leur tour la lutte. Il y a donc réciprocité d’action entre elles, mais la lutte n’en demeure pas moins une activité toute spéciale, et cela d’autant mieux qu’elle se poursuit dans un milieu spécial, le danger.

Si donc il est quelque part nécessaire de séparer les activités de diverses natures, c’est surtout dans l’étude de l’art militaire, et, pour faire ressortir toute l’importance pratique de cette idée, il suffit de rappeler le grand nombre de cas où, brillants dans une spécialité, des individus se sont montrés médiocres, voire même absolument incapables dans d’autres.

On arrive facilement, d’ailleurs, à séparer par la pensée les activités les unes des autres, lorsque l’on considère la force armée et équipée comme un moyen donné dont, pour faire judicieusement usage, il suffit de connaître les résultats principaux auxquels son emploi peut conduire.

Dans son sens propre, l’art militaire est donc l’art de diriger la guerre en utilisant à la lutte les moyens dont on a la disposition immédiate. Il va de soi cependant que, dans un sens plus étendu, l’art militaire comporte encore toutes les activités qui ont la guerre pour but, et particulièrement celles qui ont rapport à la création de la force armée, c’est-à-dire qui en assurent le recrutement, l’armement, l’équipement et l’instruction.

Pour arriver à édifier une théorie vraiment pratique, il est absolument nécessaire de séparer ces deux sortes d’activités. On comprend bien, en effet, que toute théorie d’art militaire, qui débuterait par déterminer