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CHAPITRE VIII

considérations finales.


Nous venons de reconnaître que le danger, les fatigues physiques et l’incertitude de toutes les nouvelles constituent l’atmosphère dans laquelle la guerre se poursuit, et en font un milieu d’une extrême résistance. Par analogie à ce qui se passe en mécanique, les effets qu’ils produisent nous ont permis de réunir tous ces objets sous l’idée collective d’un frottement général. Or il n’est qu’un moyen d’adoucir ce frottement dans la machine militaire, et ce moyen unique dont ni le chef de l’État ni le général en chef ne disposent à leur gré, c’est l’habitude de la guerre dans l’armée.

L’habitude affermit le corps contre la fatigue, l’âme devant le danger et le jugement contre les premières impressions. Du simple soldat au général de division, elle donne à chacun la présence d’esprit, et facilite ainsi extrêmement l’action du commandant en chef.

De même que la pupille de l’œil en se dilatant reçoit les derniers rayons de la lumière diffuse et permet à l’homme de se diriger dans l’obscurité, de même, guidé par l’habitude, le soldat exercé sait encore discerner ce qu’il doit faire dans les circonstances les plus difficiles à la guerre.