Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, IV.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
de la nature de la guerre.

connaître une faible partie des nombreux éléments dont se constitue la trame entière d’une guerre. Quant aux méditations auxquelles le commandant en chef a dû se livrer, quant aux luttes qu’il a eu à supporter avec lui-même avant de procéder à une opération importante, tout cela reste intentionnellement caché par des raisons politiques, ou tombe dans l’oubli comme ces échafaudages qui servent à la construction d’un édifice et dont il ne reste plus trace lorsque l’édifice est achevé.

Si, pour en finir, nous appuyant sur l’expérience et sur l’observation du sujet, nous cherchons à déterminer quelle est l’espèce d’intelligence qui approche le plus du génie à la guerre, nous dirons que c’est aux esprits qui observent plutôt qu’à ceux qui créent, à ceux qui embrassent l’ensemble plutôt qu’à ceux qui cherchent le détail, aux caractères froids, enfin, plutôt qu’aux têtes chaudes, que nous voudrions voir confier, à la guerre, le salut de nos fils et de nos frères, et la sécurité et l’honneur de la patrie.