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chap. xix. — attaque des cantonnement.

de quelques milles de terrain ne pouvait causer grand préjudice à l’ennemi, sur un territoire qui ne présentait aucun obstacle considérable assez rapproché pour appuyer l’opération et la consolider en cas de succès, et dans une campagne où le but formel de l’attaquant était l’anéantissement complet du défenseur. Dans ces conditions, les avantages de second ordre que les Russes eussent tirés de la surprise de l’armée française dans ses cantonnements n’eussent jamais compensé l’inégalité des forces et des situations, et fussent absolument restés hors de proportion avec la grandeur du but à atteindre. On voit par là qu’une idée incomplète du procédé peut inciter à en faire la plus fausse application.

Ce que nous avons dit jusqu’ici du sujet en fait ressortir le côté stratégique, mais il est dans la nature de ce genre d’attaque que l’exécution elle-même n’en soit pas exclusivement tactique, en ce sens qu’elle se produit habituellement sur de vastes espaces et que l’armée qui y procède peut en arriver et le plus souvent même en arrive à combattre avant d’avoir réuni ses colonnes, de sorte que l’opération entière se compose d’un nombre plus ou moins grand de combats isolés, et conserve ainsi en partie le caractère stratégique. Il nous reste donc encore à déterminer quel est le dispositif naturel à donner à ce genre particulier d’attaque.

1o La première condition est d’aborder le front des cantonnements sur une certaine largeur de manière à en surprendre réellement quelques-uns, à en isoler quelques autres et à jeter partout la confusion que l’on cherche à produire. Le nombre et l’éloignement des colonnes dépend nécessairement ici des circonstances qui se présentent.

2o L’ennemi en arrivant toujours plus ou moins à réunir ses forces, les différentes colonnes de l’attaque