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chap. xix. — attaque des cantonnement.

et repassèrent le Rhin. Ce résultat stratégique fit parfaitement les affaires de Turenne, mais on ne saurait l’attribuer à la surprise seule. Dans cette circonstance, en effet, Turenne porta bien moins le trouble dans l’armée alliée que dans les plans de ses chefs, et les dissentiments entre les généraux et la proximité du Rhin firent le reste.

Cet événement est généralement mal connu et faussement apprécié et présente un sujet très intéressant d’étude.

En 1741 Neiperg surprend le grand Frédéric dans ses cantonnements, et celui-ci est battu à Molwitz parce qu’il est forcé de livrer bataille en changeant de front et avant d’avoir achevé la concentration de ses forces.

En 1745, en Lusace, le Roi surprend à son tour les Autrichiens du duc de Lorraine dans l’un des plus importants de leurs cantonnements, à Hennersdorf, et leur inflige une perte de 2 000 hommes. Le duc de Lorraine se vit ainsi contraint à se retirer par la haute Lusace sur la Bohême ; mais, comme rien ne l’empêcha de passer sur la rive gauche de l’Elbe et de rentrer en Saxe, l’opération n’eût produit aucun résultat considérable si les Prussiens n’eussent ultérieurement gagné la bataille de Kesselsdorf.

En 1758 le duc Ferdinand surprend les Français dans leurs cantonnements, leur enlève quelques milliers d’hommes et les force à prendre position derrière l’Aller. Ici, cependant, l’impression morale a peut-être contribué à la grandeur du résultat car elle semble n’avoir pas été sans influence sur l’évacuation ultérieure de toute la Westphalie.

Si maintenant, nous appuyant sur ces exemples, nous cherchons à nous rendre compte de l’efficacité générale de ce genre d’opérations, nous voyons que dans les deux premières seules le résultat peut être considéré