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l’offensive.

les différents corps en sont encore isolés les uns des autres.

Pour que l’opération réussisse il faut nécessairement qu’ainsi surprise l’armée attaquée ne parvienne pas à se réunir sur le point de concentration qui lui a été désigné à l’avance et soit obligée d’en choisir un autre situé plus en arrière. Or comme, pressé et gêné comme il l’est en pareille occurrence, l’ennemi n’arrive généralement sur le nouveau point de concentration qu’après une marche rétrograde de plusieurs jours, il en résulte tout d’abord un gain de territoire assez considérable pour l’attaquant.

Bien que cette surprise générale des cantonnements d’une armée puisse débuter par la surprise particulière de quelques-uns d’entre eux, le nombre des cantonnements isolés ainsi surpris n’est jamais considérable, parce que cette manière de procéder exigerait au préalable un morcellement et un éparpillement beaucoup trop grands et par conséquent imprudents des forces de l’attaque. Les premiers cantonnements situés sur les directions suivies par les colonnes attaquantes sont par suite les seuls exposés à être surpris, et même, comme l’approche d’une masse importante de troupes ne peut généralement s’effectuer très secrètement, il est rare que la surprise réussisse complètement. Il ne faut cependant pas perdre de vue cette éventualité car, lorsqu’elle se réalise, elle constitue un second avantage très important pour l’attaque.

Le troisième avantage de l’opération consiste dans les combats partiels dans lesquels l’attaque se trouve engagé et qui lui coûtent en général de grandes pertes. Une masse considérable de troupes ne se porte pas par bataillons isolés sur son point de concentration, mais habituellement par brigades, par divisions ou par corps. Dans de pareilles conditions la marche ne peut