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chap. xvii. — attaque des places fortes.

naturel que l’attaquant concentre toutes ses forces devant la place, ce qui lui permet aussitôt d’en poursuivre le siège avec beaucoup plus d’énergie.

Si, lorsque Turenne et Condé combattirent l’un contre l’autre sous Louis XIV, ces deux généraux ne tirèrent que peu de profit des lignes de circonvallation quand ils assiégèrent et prirent d’assaut le premier Cambrai et le second Valenciennes, il ne faut pourtant pas perdre de vue que, dans maintes autres circonstances, alors même que la ville assiégée avait le plus urgent besoin de secours et que le général chargé de les lui porter était du caractère le plus entreprenant, ces lignes furent néanmoins respectées, comme en 1708 par exemple quand Villars n’osa pas attaquer les Alliés dans les ouvrages qu’ils avaient élevés devant Lille.

Frédéric le Grand, à Olmütz en 1758 et à Dresde en 1760, sans recourir précisément à ce système en employa cependant un à peu près semblable car, dans les deux cas, il fit le siège et le couvrit avec la même armée. C’est l’éloignement de l’armée autrichienne qui le porta à agir ainsi à Olmütz, mais il eut à s’en repentir, et ses convois lui furent enlevés à Domstaedtel. À Dresde, en 1760, il se laissa entraîner à ce procédé en raison de la faible estime dans laquelle il tenait l’armée de l’Empire et parce qu’il espérait s’emparer ainsi plus promptement de la ville.

Enfin, en cas d’insuccès, les lignes de circonvallation rendent plus difficile le retrait des pièces de siège. On en peut cependant effectuer l’enlèvement avant l’arrivée de l’ennemi et même faire prendre une étape d’avance au train du gros matériel lorsque la décision n’a lieu qu’à une ou deux journées de marche de la place.

Quand c’est une armée d’observation qui doit couvrir le siège, la question importante est de fixer la distance