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l’offensive.

qu’on n’en confie la protection à des détachements spéciaux, ce qui conduit à un fractionnement que l’on cherche précisément à éviter par leur emploi. Dès lors les convois de vivres et de munitions et le transport du matériel nécessaire aux opérations du siège deviennent déjà par eux-mêmes un objet d’inquiétude et d’embarras pour l’assiégeant, de sorte que généralement quand l’armée est nombreuse, que les opérations doivent être considérables et que l’ennemi tient la campagne avec des forces importantes, on ne peut songer à couvrir le siège au moyen de lignes de circonvallation que dans les circonstances où, comme dans les Pays-Bas, tout un système de places fortes, peu distantes les unes des autres et reliées par des lignes intermédiaires, protège les autres parties du théâtre de guerre et réduit de beaucoup les distances à parcourir par les convois. Avant Louis XIV l’idée d’un théâtre de guerre ne se rattachait pas encore aux dispositions que l’on donnait aux troupes et aux formations qu’on leur faisait prendre en campagne. Pendant la guerre de Trente ans, par exemple, les armées se dirigeaient de ci et de là, se portant sur telle ou telle place forte selon qu’aucun corps ennemi ne s’en trouvait dans le voisinage immédiat, et, jusqu’à ce qu’une armée de secours approchât, en poursuivaient le siège tant que le matériel et les munitions qu’elles avaient apportés le leur permettaient. Dans ces conditions les lignes de circonvallation répondaient vraiment aux besoins et leur emploi était naturel et logique.

Il est probable qu’on y recourra rarement à l’avenir, et là seulement où se présenteront des rapports et des conditions semblables. En effet, lorsque pendant un siège la défense occupe si faiblement la campagne que l’idée du théâtre de guerre s’évanouit pour ainsi dire devant celle de la place assiégée, il devient tout