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chap. xvii. — attaque des places fortes.

1o  En les disposant ainsi autour de la place assiégée l’attaquant éparpille trop ses forces.

2o  La garnison de la place, qui jointe à l’armée de secours ne constitue en somme que la totalité des forces de l’adversaire, prend pour nous, dans ces conditions, l’importance d’un corps de troupes absolument indépendant, invulnérable ou du moins inabordable dans ses retranchements et d’autant plus menaçant, si nous sommes nous-mêmes attaqués, qu’il se trouve précisément placé au centre de la position que nous occupons.

3o  Sur une ligne de circonvallation la résistance ne peut être qu’absolument passive, parce que de toutes les formations l’ordre circulaire est la plus défavorable, la plus faible et celle qui se prête le moins aux retours offensifs. Attaqué dans cet ordre, l’assiégeant n’a d’autre ressource que de se défendre jusqu’à la dernière extrémité sur les lignes mêmes et en arrive facilement, dans ces conditions, à un affaiblissement bien plus considérable que celui qui résulterait pour lui de l’éloignement et de l’action séparée du tiers de son effectif formé en corps d’observation. Enfin, si l’on songe au discrédit dans lequel les retranchements sont tombés depuis Frédéric le Grand et à la faveur que l’on accorde depuis la même époque aux actions offensives, à la rapidité des mouvements et aux manœuvres tournantes et enveloppantes, on ne peut plus s’étonner que les lignes de circonvallation soient aujourd’hui entièrement passées de mode.

Cet affaiblissement de la résistance tactique ne constitue cependant pas le seul désavantage que présentent les lignes de circonvallation. De tout le théâtre de guerre elles ne couvrent réellement que la portion qu’elles enferment et laissent tout le reste plus ou moins exposé aux entreprises de l’ennemi, à moins

iii. 6