Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
l’offensive.

restera maître de la situation que si, une fois ce service assuré, disposant encore d’assez de forces et se sentant assez de résolution pour se jeter sur un corps isolé ou sur le gros même de l’armée ennemie, il laisse incessamment ce danger planer sur son adversaire.

5. Il nous reste à mentionner l’avantage, tout à l’actif de l’attaquant dans les guerres de cette espèce, d’être, des deux adversaires, le plus à même de reconnaître quels sont les moyens et les intentions de l’autre. Il est en effet bien plus difficile à la défense de juger quelle sera la hardiesse de l’attaque et ce qu’elle osera entreprendre, qu’à celle-ci de prévoir le degré de résistance qui lui sera opposé. Le fait seul que l’on adopte la forme défensive indique tout d’abord qu’on ne recherche aucun résultat positif, mais, en outre, les préparatifs qu’exige une réaction vigoureuse diffèrent de ceux d’une défensive ordinaire bien plus que ne se modifient les préparatifs de l’attaque selon qu’elle projette d’être énergique ou mesurée. Enfin, sous la menace d’une invasion, les dispositions du défenseur doivent nécessairement être prises avant que l’attaquant n’ait développé les siennes, ce qui permet encore à celui-ci de modifier son action jusqu’au dernier moment.