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chap. xvi. — attaque sans recherche de solution.

l’action de la résistance ; il occupe les villes importantes, les districts les plus fertiles et les provinces turbulentes qui ne demandent qu’à se soulever ; il s’acharne sur les plus faibles des alliés du défenseur, etc.

En coupant les communications de manière qu’elles ne puissent être rétablies qu’au prix de grands sacrifices, en menaçant ces points importants, on contraint le défenseur à prendre une position plus en arrière ou sur le côté pour les protéger. Il abandonne ainsi une portion de territoire dont on peut s’emparer ; il dégarnit un lieu de dépôt ou une place forte que l’on peut assiéger. De tout cela résultent parfois, il est vrai, des combats plus ou moins importants qu’il faut alors considérer comme un mal inévitable, mais qui ne constituent jamais le but de l’action, qu’on ne recherche pas et qui ne sauraient dépasser un certain degré d’intensité.

4. Si, dans les guerres où l’on recherche de grandes solutions, l’action de la défense sur les lignes de communications de l’attaque ne se peut produire que lorsque les lignes d’opérations commencent à prendre de vastes dimensions, ce moyen de résistance convient particulièrement aux guerres de moindre énergie. En pareil cas, en effet, si les flancs stratégiques de l’attaque deviennent rarement aussi longs, comme il ne s’agit plus de lui infliger d’aussi grandes pertes, il suffit généralement d’interrompre ou de gêner le service de ses subsistances, et dès lors ce que le défenseur ne saurait tirer de la longueur des lignes de communications de son adversaire, il le peut compenser par la persistance de l’action qu’il est en mesure d’exercer sur elles. Dans les guerres de cette espèce, la protection de ses flancs stratégiques devient donc un objet de haute importance pour l’attaquant qui n’a que la supériorité numérique à opposer à cet avantage constant du défenseur et qui ne