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l’offensive.

maints exemples où pour récolter quelques trophées, pour sauver l’honneur des armes ou quelquefois même uniquement pour satisfaire leur ambition, des généraux ont recherché l’occasion favorable de livrer un combat, voire même un engagement général sans portée ultérieure probable. Tel a été le caractère de la plupart des batailles offensives des Français dans leurs campagnes sous Louis XIV. Il faut cependant reconnaître que cette manière d’agir n’a pas toujours l’ambition ou la vanité pour seuls mobiles, mais qu’elle peut conduire à des résultats effectifs qui exercent une influence réelle sur la paix et mènent par conséquent assez directement au but. L’honneur des armes et la supériorité morale de l’armée et de son chef sont, en effet, des éléments dont l’action invisible pénètre sans cesse tout l’acte de la guerre.

Pour engager un combat ou une bataille de cette nature, il faut avoir pour soi d’assez grandes probabilités de victoire ou, du moins, n’avoir pas trop à risquer en cas d’insuccès. — On ne saurait confondre un combat livré dans ces conditions et nécessairement restreint dans ses effets, avec une victoire dont le vainqueur néglige de tirer parti par faiblesse morale.

3. À l’exception du dernier, l’attaque peut atteindre chacun de ces objets sans engager de combats importants et c’est généralement ce qui arrive. Or ce sont précisément les intérêts que le défenseur a sur son théâtre de guerre qui indiquent à l’attaquant les moyens auxquels il peut recourir sans en arriver à des actions trop décisives. Dès lors il agit sur les lignes de communications de son adversaire et le menace dans ses moyens de subsistance, — magasins, riches contrées, routes fluviales, — ou sur d’autres points importants tels que les ponts et les défilés, etc. ; il prend de fortes positions dont on ne le peut plus déloger et qui gênent