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chap. xvi. — attaque sans recherche de solution.

ou campagnes où l’action offensive ne peut pas tendre au renversement absolu de l’adversaire ou à la conquête d’une partie considérable de son territoire. On comprendra alors comment il se fait que dans les Pays-Bas, où les places fortes sont si nombreuses, la possession de l’une ou de l’autre d’entre elles ait, dans toutes les guerres, constitué l’objectif constant de l’action des deux adversaires. Le fait est si positif que, dans les circonstances mêmes où l’attaquant s’étant successivement emparé de toutes les places fortes d’une province s’est enfin trouvé maître de la province elle-même, il semblerait qu’il n’ait presque jamais fait entrer ce résultat absolu dans le programme de ses opérations, mais bien qu’il ait généralement considéré chacune des places comme une grandeur indépendante à laquelle il attachait moins d’importance pour sa valeur même qu’en raison des avantages et de l’appui qu’il en pourrait tirer pour les opérations ultérieures.

Il faut cependant que l’attaque stratégique ait un véritable intérêt à la possession d’une place pour qu’elle se décide à l’assiéger, car, à moins que la place ne soit absolument sans importance, un siège est une opération qui entraîne de grandes dépenses, ce à quoi on regarde fort dans les guerres où le sort des nations engagées n’est pas toujours en question. Moins la place est considérable, moins le siège en est sérieux, moins on s’y prépare, plus il se rapproche enfin d’une opération incidente faite en passant et plus cela témoigne de la portée restreinte de l’action, de la faiblesse des moyens et du peu d’ampleur des projets. Il arrive souvent même que l’attaquant, craignant qu’on ne puisse dire qu’il n’a rien fait, n’entreprend uniquement le siège que pour sauver l’honneur de ses armes pendant la campagne.

d) L’étude de l’histoire des guerres fait découvrir