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chap. xv. — attaque avec recherche de solution.

directes, car une ligne de retraite qui s’écarte beaucoup de la ligne droite présente toujours de grands dangers.

5o L’attaquant quand il veut arriver à une grande solution n’a absolument aucun motif de partager ses forces. S’il le fait, néanmoins, cela prouve la plupart du temps qu’il hésite dans la direction à donner à son action. Ses colonnes doivent marcher à une distance telle les unes des autres qu’elles soient toujours en situation de se réunir pour combattre en commun. Il peut cependant recourir à de petites démonstrations, sortes de fausses attaques stratégiques, qui donneront peut-être le change à son adversaire et le porteront à s’éparpiller. Le partage des forces de l’attaque n’est logique que lorsqu’il peut amener cet heureux résultat.

La répartition nécessaire des troupes en plusieurs colonnes doit être utilisée pour l’exécution des mouvements tactiques d’enveloppement qui sont si naturels à la forme attaquante et que celle-ci ne saurait négliger sans y être absolument contrainte. Mais ces mouvements doivent strictement conserver leur caractère tactique, car ce serait inutilement dépenser ses forces que d’en consacrer une partie, pendant une bataille, à l’exécution d’un mouvement d’enveloppement stratégique. Cette manière de procéder ne serait excusable que si malgré cette dissémination de ses forces l’attaque restait assez puissante pour ne conserver aucun doute sur le résultat de l’action.

6o L’attaque a d’ailleurs aussi ses derrières et ses lignes de communications à couvrir, mais c’est par la manière même dont elle se porte en avant, c’est-à-dire par le développement du front de son armée qu’elle doit autant que possible assurer cette protection, car, lorsqu’il lui faut détourner une partie de ses forces pour les consacrer à ce service, cela diminue naturel-