Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
l’offensive.

toire submergé, l’armée française disposait encore de 50 000 hommes qui, sous Condé d’abord puis sous Luxembourg, ne parvinrent pas à forcer la ligne des inondations bien qu’elle ne fut défendue que par 20 000 hommes. Si en 1787, au contraire, les Prussiens sous les ordres du duc de Brunswick réussirent à forcer les lignes hollandaises sans posséder une supériorité numérique sensible et sans éprouver de pertes considérables, il le faut attribuer aux dissentiments politiques qui divisaient les citoyens et au manque d’unité dans le commandement. Or il s’en est néanmoins si peu fallu que la campagne tournât mal et que l’attaque échouât au passage de la dernière ligne d’inondation et ne parvint pas jusqu’aux murs d’Amsterdam, qu’il est impossible de tirer de ce résultat une conclusion tant soit peu générale. C’est le manque de surveillance où les Hollandais laissèrent le lac de Haarlem qui sauva ici les Prussiens auxquels cette circonstance permit de tourner la ligne de défense et de se porter sur les derrières du poste d’Amselvoen. Deux ou trois vaisseaux, placés en observation sur le lac, eussent formellement interdit le passage au duc de Brunswick qui en était au bout de son latin. Si les choses se fussent passées ainsi, nous n’avons pas à rechercher quelle influence cela eût exercé sur la conclusion de la paix, mais il est absolument certain qu’il n’eût plus pu désormais être question de forcer la dernière ligne d’inondation.

Lorsqu’il est rigoureux, cependant, l’hiver est l’ennemi naturel de ce procédé défensif, ainsi que le prouve la réussite de l’attaque des Français en 1794-1795.


Nous avons déjà reconnu que les forêts peu praticables constituent de bons instruments de résistance. Lorsqu’elles ne sont pas profondes, cependant, deux ou