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l’offensive.

à attaquer dépend de la situation et de la direction des lignes de retraites respectives. L’attaquant doit chercher à menacer celle du défenseur et à couvrir la sienne propre. Si, de ces deux conditions, une seule est réalisable, il faut naturellement donner la préférence à la première, parce que, au contraire de la seconde qui est de nature défensive, elle conserve à l’action son caractère offensif. Il importe, cependant, de reconnaître que l’attaque d’une bonne position occupée par un adversaire solide constitue toujours une action très aléatoire. Il est certain qu’il ne manque pas d’exemples, tels que Torgau et Wagram, de victoires remportées dans ces conditions par l’attaquant, — et, si nous ne citons pas ici Dresde, c’est qu’en vérité on ne peut guère parler de la solidité dont l’adversaire a fait preuve dans cette bataille, — mais, tout bien considéré, l’énorme quantité des cas, où l’on voit les généraux les plus résolus s’arrêter net devant une bonne position solidement défendue, prouve en somme qu’en pareille occurrence le danger auquel le défenseur est exposé est généralement très faible.

Les batailles que nous visons ici sont des plus rares, et l’on ne saurait les confondre avec les batailles habituelles. Celles-ci ne sont, pour la plupart, que de véritables rencontres dans lesquelles l’un des adversaires s’arrête bien, il est vrai, au moment de se heurter à l’autre, mais sur des positions non préparées, précipitamment prises et toutes de circonstance.