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CHAPITRE VIII.

passage des rivières.


1. Tout cours d’eau de quelque importance qui coupe la direction suivie par l’attaquant constitue pour celui-ci une grande cause de gêne. Dès qu’il en effectue le passage, en effet, ses communications se trouvent généralement réduites à un seul pont, ce qui, à moins qu’il n’en reste à très grande proximité, réduit aussitôt tous ses moyens d’action. Que, dans ces conditions, l’attaquant songe à livrer un combat décisif ou que le défenseur vienne lui-même l’y contraindre, le premier se trouve dans une situation si dangereuse qu’il ne la peut raisonnablement affronter qu’au cas où il possède une très grande supériorité morale et physique.

2. Cette difficulté, pour l’attaque, de laisser une rivière sur ses derrières, permet à la défense de faire beaucoup plus fréquemment usage de ce procédé de résistance qu’elle ne le pourrait faire sans cela. Si nous supposons, en effet, en dehors des circonstances où l’on y recourrait comme au moyen suprême de salut, que la défense d’une rivière soit organisée de telle sorte qu’en cas de non-réussite le défenseur puisse encore reprendre le combat à un faible éloignement de la rive,