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chap. v. — point limite de la victoire.

ment au moment où l’attaque cesse et se transforme en défensive que le revirement présente fréquemment le plus de danger. Voyons quelles peuvent être les raisons de ce fait.

La supériorité que nous avons accordée à la forme défensive consiste dans :

1o l’emploi du terrain,

2o la possession d’un théâtre de guerre organisé,

3o l’appui des populations,

4o l’avantage de l’expectative.

Il est clair que ces quatre éléments de supériorité ne se présentent pas invariablement dans la même mesure, et qu’ils n’exercent pas toujours la même action. Il y a donc des différences dans les diverses applications, et, par suite, la supériorité de la défensive n’est pas toujours aussi marquée. C’est particulièrement le cas pour la défensive à laquelle se trouve fatalement réduit l’attaquant lorsqu’il est parvenu à son point extrême de pénétration sur un théâtre de guerre généralement placé au sommet d’un triangle offensif très allongé. En pareille occurrence, son action défensive ne dispose, en entier, que du premier des quatre éléments que nous venons de signaler, l’emploi du terrain ; la plupart du temps le second lui fait complètement défaut, le troisième est négatif et le quatrième est fort affaibli. Nous avons déjà dit, quant au dernier de ces éléments, que l’avantage que la défense tire de sa situation expectante provient de l’équilibre imaginaire en raison duquel tant de campagnes se poursuivent d’un bout à l’autre sans résultat, parce que celui des deux adversaires auquel revient l’action positive manque de l’énergie et de la résolution nécessaires. Mais, lorsqu’un acte offensif trouble cet équilibre, menace les intérêts de l’ennemi et l’incite à agir, il y a grande vraisemblance que celui-ci sortira de sa stupeur et de son indécision. Or, une