Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
de l’offensive.

communications d’une armée constitue ses flancs stratégiques. En territoire national la faiblesse de ces points serait peu sensible pour nous, parce que l’adversaire a aussi des flancs stratégiques, mais, dès que nous pénétrons sur son territoire, nos lignes de communications n’étant plus que peu ou point abritées sont exposées à toutes les entreprises qu’une contrée hostile peut favoriser.

Plus on avance, plus les flancs stratégiques s’allongent et plus le danger qui en résulte augmente en progression croissante. Ce n’est pas seulement, en effet, que les flancs soient difficiles à couvrir, mais la longueur et le manque de protection des lignes de communications excitent l’esprit d’entreprise de l’ennemi, alors précisément que l’envahisseur se trouverait dans la situation la plus critique s’il venait à être coupé de sa ligne de retraite.

À chacun de ses pas en avant l’armée envahissante rencontre ainsi des difficultés nouvelles, de sorte que, si elle ne possède pas dès le principe une exceptionnelle supériorité, elle se trouve bientôt de plus en plus limitée dans ses opérations, de plus en plus affaiblie dans sa force d’impulsion et de plus en plus incertaine et gênée dans sa situation.

3o  L’éloignement des sources auxquelles une armée soumise à des causes incessantes d’affaiblissement doit constamment renouveler ses forces augmente avec la distance et, par conséquent, avec la marche en avant. Une armée envahissante ressemble en cela à la flamme d’une lampe ; plus l’huile qui doit alimenter la lampe baisse et s’éloigne du foyer, et plus la flamme s’affaiblit jusqu’à ce qu’enfin elle s’éteigne.

La richesse des provinces envahies peut, il est vrai, considérablement atténuer le mal sans toutefois le faire entièrement disparaître. Il est, en effet, un grand nombre