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chap. v. — point limite de la victoire.

se trouve momentanément si fort affaiblie par les forces qu’il lui faut consacrer à ces différents services que cette cause d’affaiblissement peut à elle seule atténuer tous les avantages. Il est vrai que, depuis les dernières guerres, on consacre peu de monde à investir les places fortes et encore moins à les observer, et que le défenseur lui-même est obligé d’y laisser des garnisons, mais comme ces garnisons sont habituellement composées, pour la moitié, de troupes qu’on ne saurait utiliser autrement, les places fortes constituent toujours, néanmoins, des instruments de sécurité et de résistance d’une grande valeur pour la défense. L’attaquant, en effet, est obligé de laisser devant chacune des places situées sur ses lignes de communications des forces doubles de celles des garnisons qui les occupent, et, s’il veut en réduire une par la famine ou l’assiéger formellement, pour peu qu’elle ait quelque importance, il doit y employer une petite armée.

2o La deuxième cause d’affaiblissement, l’organisation d’un théâtre de guerre en pays ennemi, croît nécessairement avec la marche en avant et exerce, sur la situation des forces armées attaquantes, une influence plus durable et plus puissante encore, bien que moins immédiate que la première.

Nous ne pouvons considérer comme notre théâtre de guerre que la portion du territoire ennemi que nous faisons incessamment parcourir par de petits corps de troupes ou dont nous occupons les principales villes et les stations d’étapes par des garnisons. Si peu nombreuses que soient relativement les forces qu’il nous faut consacrer à ces différents services, elles amoindrissent considérablement les effectifs de notre armée de première ligne.

Ce n’est cependant là que le moindre mal.

Le terrain qui s’étend sur les côtés des lignes de