Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
chap. ix. — renversement de l’ennemi.

c’est-à-dire à l’action en commun de tous les coalisés, que ce qu’il est absolument indispensable de laisser en Italie. Songer à conquérir la France par le Rhône, c’est vouloir prendre la lune avec les dents, et, comme entreprise accessoire même, une attaque dirigée contre le sud de la France, — ainsi d’ailleurs que toute attaque dirigée contre une province éloignée, — ne peut produire d’autre résultat que d’éveiller chez l’ennemi des forces qui, sans cela, resteraient latentes. Ce ne serait, enfin, qu’au seul cas où les troupes laissées en Italie se trouveraient être absolument inutiles à la sûreté du pays, que, pour ne pas les laisser oisives, on aurait quelque raison de les employer à l’attaque du sud de la France.

Pour nous résumer, les Autrichiens ne doivent laisser en Italie que le nombre d’hommes strictement nécessaire pour ne pas être exposés à perdre tout le pays en une seule campagne. Nous croyons pouvoir admettre que, dans notre combinaison, un corps de 50 000 hommes suffirait largement à cet objet.

Dans le cas de la coalition que nous supposons ici et en raison de la prépondérance que l’Angleterre possède sur les mers, la grande étendue des côtes de la France sur la Manche et sur l’océan Atlantique contraindrait nécessairement le défenseur à détourner une partie de ses forces du théâtre de guerre principal pour les consacrer à la protection de ses rives maritimes.

Or, avec 25 000 hommes de troupes de débarquement, l’Angleterre immobiliserait sans doute ainsi le double et peut-être même le triple de troupes françaises. Il faut, en outre, faire entrer ici en ligne de compte toutes les dépenses en argent, matériel, canons, etc., qu’exigeraient l’armement et l’entretien de la flotte et des batteries de côte.