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le plan de guerre.

d’une partie des coalisés, des Anglais d’abord, puis des Néerlandais, des Prussiens et des Allemands du Nord dont les États s’étendent dans le voisinage ou dans le prolongement de cette direction. Quant à l’Autriche et à l’Allemagne du Sud, elles ont toute facilité pour se concentrer sur le Rhin supérieur, et, dès lors, Troyes et Paris, ou même Orléans, constituent leurs objectifs naturels. Ainsi dirigé, qu’il parte de la Hollande ou du Rhin supérieur, chacun des deux chocs est direct, puissant et rapide, et conduit, sans rencontrer d’obstacles matériels, au centre de gravité même des forces de l’ennemi. C’est donc bien sur ces deux points qu’il convient de répartir et de concentrer toutes les forces des puissances coalisées.

Si rationnel que soit ce plan dans son ensemble, deux considérations — la situation politique de l’Autriche en Italie et la grande étendue des côtes de la France — en diminuent cependant la simplicité et en compliquent quelque peu l’exécution.

Afin, quelle que puisse être l’issue de la lutte, de rester du moins maîtres des événements en Italie, les Autrichiens ne consentiront jamais à abandonner leurs possessions dans le nord de ce pays, et à ne les couvrir que par une attaque directe sur le cœur de la France. La situation politique de la péninsule justifie certainement cette prudence de la part de l’Autriche, mais le gouvernement de cette puissance n’en commettrait pas moins une grande faute si, se laissant entraîner par là à l’ancien projet si souvent avorté d’une invasion de la France méridionale par les Alpes, il donnait aux forces qu’il entretient en Italie un développement dont le pays n’a pas besoin pour rester à l’abri de tout grand danger pendant la première campagne. Pour demeurer fidèle au grand principe de l’unité du plan et de la concentration des forces, il ne faut enlever à l’entreprise générale,