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chap. ix. — renversement de l’ennemi.

raient ainsi contre elle dépassant 75 millions d’âmes (sans faire entrer en ligne de compte leurs populations coloniales), on peut, sans exagération, porter aux chiffres suivants les contingents qu’elles seraient en état de réunir dans une action commune :


250 000 Autrichiens.
200 000 Prussiens.
150 000 Allemands de la Confédération.
75 000 Néerlandais.
50 000 Anglais.
Soit : 725 000 hommes.


Dans ces conditions, les forces coalisées seraient très vraisemblablement de beaucoup supérieures à celles que la France pourrait leur opposer, car, même sous Bonaparte, jamais cette puissance n’est parvenue à réunir d’aussi grandes masses de troupes. Il faut ajouter à cela le nombre d’hommes qu’exigeraient l’occupation des places fortes et la garde des côtes, ce qui diminuerait d’autant encore les effectifs des troupes de campagne de la défense, de sorte que l’on ne peut douter de l’imposante supériorité des forces que les coalisés réuniraient sur le théâtre de guerre principal. Or nous savons que le moyen le plus sûr de renverser l’ennemi est de lui être numériquement supérieur.

Le centre de puissance d’un État reposant dans son armée et dans sa capitale, le plan des coalisés doit donc être ici : 1o de vaincre l’armée française dans une ou plusieurs batailles générales, 2o de s’emparer de Paris, et enfin 3o de rejeter au delà de la Loire les débris de l’armée vaincue. Le point vital de la monarchie française se trouve entre Paris et Bruxelles, et, de ce côté, la capitale n’est qu’à 30 milles (222 kilomètres) de la frontière. C’est là qu’est le centre naturel de formation