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chap. ix. — renversement de l’ennemi.

3o  Enfin, lorsqu’il ne s’agit que des qualités personnelles des généraux.

Dans chacun des deux premiers cas, on peut se demander ce qui vaut le mieux de mélanger entre elles les troupes des différentes puissances, c’est-à-dire de former chaque armée de corps de nationalités diverses ainsi que l’on fit en 1813 et 1814, ou au contraire de séparer le plus possible les nationalités.

De ces deux manières de procéder la première est incontestablement la plus avantageuse, mais elle laisse supposer une communauté de vues et un degré de sympathie rares entre les gouvernements coalisés. Ceux-ci, en effet, lorsque leurs troupes sont si étroitement unies, ne peuvent que difficilement isoler leurs intérêts, et les rivalités et les jalousies de commandement, dont l’influence se fait si gravement sentir dans l’action stratégique quand les armées sont séparées, ne peuvent plus se manifester qu’entre les généraux en sous-ordre et, par conséquent, dans le domaine seul de la tactique. C’est ainsi que, pressés par le péril commun, les Alliés agirent en 1813, et l’on ne saurait trop admirer la noble conduite et le désintéressement de l’empereur Alexandre dans cette circonstance, alors que, dans l’intérêt général et bien que ses troupes fussent les plus nombreuses, il n’hésita pas à les placer sous le commandement des généraux en chef prussien et autrichien.

Mais, lorsqu’il n’est pas possible de réaliser une pareille union entre les forces coalisées, il vaut incontestablement mieux les séparer complètement qu’en partie, et la combinaison la plus déplorable consiste à laisser deux généraux en chef indépendants et de nationalités différentes sur le même théâtre de guerre, ainsi que cela se présenta fréquemment pour les Russes, les Autrichiens et l’armée de l’Empire pendant la guerre de Sept ans. — Quand la séparation des armées est com-