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chap. v. — point limite de la victoire.

du retard dans le renouvellement des forces par nous dépensées.

4o  Le danger que notre marche en avant fait courir à l’État envahi sollicite les puissances qui ont intérêt à son existence à lui venir en aide.

5o  Enfin le vainqueur est fréquemment porté à se relâcher de ses efforts, tandis que l’imminence du danger incite parfois l’adversaire à redoubler les siens.

Tous ces effets peuvent se produire à la fois et continuer leur action en sens contraire. Seuls les derniers se heurtent comme de véritables antithèses, ne peuvent se dépasser et s’excluent réciproquement. Cela fait déjà ressortir l’extrême différence qui peut se présenter entre les effets d’une victoire, selon qu’elle paralyse l’énergie du vaincu ou qu’elle le provoque à faire de plus grands efforts.


Passons maintenant à l’étude du caractère de chacun de ces sujets en commençant par les avantages.

1o  Les pertes éprouvées par l’adversaire dans une défaite peuvent être plus fortes au premier moment et diminuer ensuite chaque jour pour en arriver enfin à ne pas dépasser les nôtres, mais elles peuvent aussi augmenter chaque jour en progression croissante ; c’est la différence des situations et des rapports qui en décide. On ne peut dire qu’une chose à ce propos, c’est que le premier cas se présente en général plus fréquemment dans les bonnes armées, et le second dans les mauvaises. Après l’esprit des troupes, c’est celui du gouvernement qui exerce ici le plus d’influence. Il est de la plus haute importance, à la guerre, de pouvoir distinguer les deux cas, afin de ne pas interrompre l’action précisément au moment où il faudrait la pousser avec le plus de vigueur, et réciproquement.

2o  Les pertes de l’adversaire en forces de combat