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chap. ix. — renversement de l’ennemi.

flancs. Il avait laissé des forces supérieures en face de Wittgenstein et, par excès de précaution, un corps de siège proportionné à la garnison de la place devant Riga. Au sud, Schwarzenberg avec 50 000 hommes était supérieur à Tormassoff et presque égal à Tschitschagow ; enfin, un corps de 30 000 hommes commandé par Victor couvrait le centre en arrière. Au mois de novembre même, c’est-à-dire au moment décisif, quand les forces des Français commençaient sensiblement à baisser tandis que les Russes avaient déjà reçu des renforts, la supériorité de ceux-ci sur les derrières de l’armée que Bonaparte dirigeait sur Moscou n’était pas encore considérable, et si Wittgenstein, Tschitschagow et Sacken formaient ensemble 110 000 hommes, Schwarzenberg, Régnier, Victor, Oudinot et Saint-Cyr en comptaient, de leur côté, 80 000. Dans la marche en avant, le général le plus prudent n’eût certes pas consacré plus de forces à la protection de ses flancs.

Si Bonaparte n’eût pas commis les fautes que nous avons signalées plus haut, il est probable qu’au lieu des 50 000 hommes qui repassèrent seuls le Niémen sous Schwarzenberg, Macdonald et Régnier, il eût ramené la moitié des 500 000 combattants auxquels il avait fait franchir ce fleuve dans sa marche en avant. La campagne n’en compterait pas moins au nombre des entreprises manquées, mais, théoriquement, on n’aurait rien à y reprendre, car, dans une expédition de cet ordre, on peut sans exagération s’attendre à perdre la moitié de l’effectif employé.


Nous en avons fini de l’opération principale, du but auquel elle doit tendre et des dangers qui s’y rattachent. Quant aux opérations secondaires, il faut avant tout qu’elles visent toutes à un résultat commun et que ce résultat soit déterminé de façon à ne pas paralyser l’ac-