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chap. ix. — renversement de l’ennemi.

4o Enfin, en fractionnant l’armée dans les marches, on pourvoit plus facilement à ses subsistances.


Il est certain qu’il est beaucoup moins commode de diriger une armée nombreuse à travers une province pauvre que des corps d’effectif moins considérable à travers une province riche, mais, en prenant de bonnes dispositions et avec des troupes habituées aux privations, on en vient cependant toujours à bout. La question des subsistances ne devrait donc jamais exercer assez d’influence sur les décisions pour faire fractionner les forces lorsque cela peut les exposer à un véritable danger.

Ayant ainsi reconnu les motifs qui justifient la séparation des forces et, par conséquent, le fractionnement de l’action principale elle-même, nous ne blâmerons jamais quiconque y aura recours en raison de l’un de ces motifs, après en avoir mûrement pesé le pour et le contre et sans perdre de vue le but à atteindre. Mais quand, obéissant aux lois de la routine ainsi qu’il arrive si fréquemment, c’est un docte état-major qui dresse le plan, lorsque, considérés comme les cases d’un échiquier, les différents théâtres de guerre doivent, avant toute opération, recevoir chacun un nombre déterminé de défenseurs, lorsque, combinées avec une sagesse imaginaire et basées sur les rapports les plus compliqués, les opérations elles mêmes doivent être conduites par les voies les plus embrouillées, lorsqu’enfin tout l’art militaire consiste à séparer aujourd’hui les forces pour les réunir de nouveau, coûte que coûte et quel qu’en soit le danger, dans quinze jours, nous trouvons qu’il est abominable d’abandonner ainsi la voie simple, droite et logique, pour se jeter volontairement dans des embarras sans nombre. Or cette folie se manifeste d’autant plus facilement que le plan de