Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
le plan de guerre.

centre de la puissance de l’Autriche. Il faut reconnaître, en outre, qu’un coup frappé en Italie exercera plus d’influence sur le théâtre de guerre du Rhin qu’un coup frappé sur le Rhin n’en exercera sur le théâtre de guerre d’Italie, par la raison que, partant d’Italie, l’attaque porte plus directement sur le centre, et que, venant du Rhin, elle se dirige plus sur l’aile de la monarchie autrichienne.

De tout cela résulte que la concentration et la dissémination des forces de l’adversaire passent, l’une et l’autre, par une quantité de degrés, et que, dans chaque cas particulier, il convient par conséquent de se rendre compte de l’influence que les événements de l’un des théâtres de guerre exerceront sur l’autre, influence qui peut seule permettre de juger dans quelle mesure il sera possible de réduire en un seul les divers centres de puissance de l’ennemi.

On ne doit déroger au principe de diriger la totalité des forces contre le centre de puissance de l’adversaire que pour en consacrer une partie à l’exécution d’entreprises secondaires promettant des résultats extraordinaires ; encore faut-il, en pareil cas, disposer d’une supériorité numérique assez considérable pour n’avoir pas à craindre de compromettre ainsi l’action dirigée contre le point décisif.

En 1814, lorsqu’on porta les 30 000 hommes du corps du général Bülow sur la Hollande, on pouvait non seulement prévoir qu’on neutraliserait par là un nombre égal de troupes françaises, mais encore que l’on permettrait aux Hollandais et aux Anglais de prendre part à la lutte avec des forces qui sans cela seraient restées inactives.

Dans l’élaboration du plan de guerre, il faut donc tout d’abord chercher à reconnaître quels sont les centres de gravité de la puissance de l’ennemi et les réduire