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le plan de guerre.

seul centre dépend de son unité politique et de la situation du théâtre de guerre sur lequel ses armées apparaissent.

Facile quand il s’agit des forces d’un seul et même souverain, la chose ne l’est guère moins quand, de deux armées de nations différentes, l’une ne prend part à la guerre que comme alliée, c’est-à-dire sans intérêt particulier. Dans le cas, au contraire, où deux nations coalisées concourent au même but, il faut encore tenir compte du degré de l’union qui existe entre elles.

Quand les forces de l’adversaire sont concentrées sur un seul et même théâtre de guerre et en une seule armée, nous n’avons pas à nous occuper d’autre chose. Lorsque, réparties sur le même théâtre de guerre mais appartenant à des nationalités différentes, elles forment des armées séparées, l’unité cesse d’être absolue quoique la connexion soit encore assez grande entre elles pour que l’action décisive de l’une puisse entraîner toutes les autres. Les armées se trouvent-elles sur des théâtres de guerre voisins qu’aucune grande barrière n’isole l’un de l’autre, chacune d’elles exerce encore une influence décisive sur l’autre. Mais, dès que les théâtres de guerre sont très éloignés et que des espaces neutres les séparent, l’influence devient on ne peut plus douteuse, et par conséquent invraisemblable. Enfin, lorsque les armées de l’adversaire se trouvent formées sur des points si différents de l’État attaqué qu’on ne peut agir contre elles qu’en suivant des lignes excentriques, il faut désormais renoncer à rester concentré.

Si la Russie et la France déclaraient ensemble la guerre à la Prusse, ce serait absolument, pour cette dernière puissance en raison des directions différentes qu’elle devrait donner à ses forces, comme si elle avait deux guerres distinctes à soutenir. L’unité entre les