Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
le plan de guerre.

recourt qu’en raison seulement de la plus grande force de résistance qu’elle permet d’opposer au premier choc, et plus les pièges dans lesquels il cherche à entraîner son adversaire peuvent être hardis. Le plus hardi de tous, le plus éloigné de la défense passive et le plus avantageux de ces pièges quand il réussit, c’est la retraite profonde dans le cœur du pays.

Nous allons exposer ici, comme exemples à ce double propos, la situation de Frédéric le Grand pendant la guerre de Sept-Ans et celle des Russes pendant la campagne de 1812.

Au début de la guerre de Sept ans, la préparation parfaite de ses troupes donnait à Frédéric une sorte de supériorité sur ses adversaires. Il en profita pour se jeter sur la Saxe qui formait un complément si naturel de son théâtre de guerre, que, loin de diminuer ses forces, l’occupation de cette province ne fit que les augmenter.

À l’ouverture de la campagne de 1757, les Russes et les Français n’ayant pas encore atteint la Silésie, les Marches et la Saxe, le Roi tenta de persévérer dans l’offensive, mais il n’y réussit pas. Contraint dès lors d’évacuer de nouveau la Bohême et réduit à la défensive jusqu’à la fin de la campagne, il sut tirer parti de cette forme de l’action pour délivrer son propre théâtre de guerre en se jetant d’abord avec toute son armée sur les Autrichiens.

En 1758, voyant ses forces diminuer et se sentant de plus en plus à l’étroit dans le cercle que ses ennemis formaient autour de lui, il voulut encore tenter une petite offensive en Moravie et chercha à s’emparer d’Olmütz. Ce n’est pas qu’en agissant ainsi le Roi songeât à rester en possession de cette ville et à l’utiliser comme point d’appui pour persévérer dans l’offensive, mais il pensait surprendre les Autrichiens par