Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
chap. viii. — but restreint. — défensive.

Dans le premier, le défenseur cherche à se maintenir le plus longtemps possible sur son territoire et à le conserver intact, parce que c’est ainsi qu’il parvient à gagner le plus de temps, et que gagner du temps est le seul moyen dont il dispose pour arriver à ses fins. Le résultat qu’il atteint le plus souvent en procédant ainsi, l’objet qui le doit mettre en situation d’obtenir la paix qu’il désire, son but positif en un mot, il ne saurait encore le faire entrer dans son plan. Pendant cette suspension de toute action stratégique de sa part, il est partout menacé, mais, grâce aux lignes intérieures qu’il occupe sur tous les points que son adversaire attaque, il peut se montrer en nombre supérieur et parer les coups qui lui sont portés.

Tels sont les faibles résultats dont le défenseur doit alors se contenter, et, s’il arrive que l’attaque ne lui en fournisse même pas l’occasion, il ne lui reste plus, pour tout gain, que le repos momentané où son adversaire le laisse.

Dans ce système cependant, et sans en changer ni le but ni l’essence, quand le défenseur n’est pas trop faible, il peut recourir à de petites actions offensives, invasions, diversions, entreprises contre des forteresses isolées et autres opérations par lesquelles il se propose bien moins une conquête définitive qu’un avantage provisoire à faire entrer en compensation des pertes qu’il se trouvera avoir subies lorsque les négociations de paix ouvriront.

Dans le second cas, le passage à l’offensive présidant dès le principe au calcul, l’action défensive revêt elle-même un caractère plus positif, et cela précisément dans la mesure du degré d’intensité que les circonstances permettent de donner au retour offensif. En d’autres termes, moins la forme défensive s’impose impérieusement, c’est-à-dire plus le défenseur n’y