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chap. vi b. — la guerre instrument de la politique.

tion des plans de guerre, le point de vue politique doit primer le point de vue exclusivement militaire, ou si, devant lui céder le pas, il doit lui être subordonné ou complètement disparaître.

Pour que toute action de la politique dût absolument cesser dès le début des opérations militaires, il faudrait que les guerres fussent l’expression d’un principe d’hostilité excessif et que la lutte y devint une question de vie ou de mort. Dans la réalité cependant, et nous l’avons déjà fait voir précédemment, les guerres ne sont que des manifestations de la politique elle-même, et, par suite, ce serait faire un contre-sens que d’y subordonner le point de vue politique au point de vue militaire. Dans le fait, la politique est l’intelligence qui engendre la guerre, et celle-ci n’est qu’un instrument dans ses mains. Il ne reste donc plus qu’à subordonner le point de vue militaire au point de vue politique.


Si l’on se rappelle que nous avons reconnu, au chapitre III de ce livre, que, pour déterminer les moyens à employer et les efforts à produire dans une guerre, il fallait avant tout se rendre compte de ce qu’en seraient vraisemblablement le caractère et les contours principaux en raison des grandeurs et des rapports politiques, si l’on réfléchit, en outre, que souvent, et même la plupart du temps de nos jours, on ne peut considérer la guerre que comme un tout organique dont les divers éléments sont inséparables et où, par suite, toutes les activités doivent être dirigées par une pensée unique et tendre vers un seul but, on en arrive nécessairement à reconnaître que, la politique imposant les lignes principales de la guerre, c’est au point de vue seul de la première qu’il faut se placer pour déterminer la direction à imprimer à la seconde.