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chap. iv. — détermination plus précise du but.

près porter en ligne autant de troupes en une année qu’en deux, car, en comparaison du nombre d’hommes qu’il appelle sous les armes dès la première année, le contingent que l’année suivante est en mesure de lui fournir ne peut être que très faible.


Nous croyons donc que toute station, tout temps d’arrêt, tout entr’acte est irrationnel dans la guerre offensive, et que, lorsque la chose est inévitable, cela ne peut que rendre le succès plus douteux. Pour être rigoureusement vrai, il faut même ajouter d’une façon générale que, de tout point où l’on est obligé de s’arrêter par faiblesse, on ne peut plus prendre un nouvel élan pour arriver au but et que, là où ce second élan est possible, le temps d’arrêt n’est pas nécessaire. Nous croyons, en un mot, que lorsque dès le principe le but à atteindre est trop éloigné pour les forces dont on dispose, il le restera toujours.

Nous ne parlons ici qu’au point de vue général et cherchons seulement à éloigner l’idée que, par lui-même, le temps puisse modifier favorablement la situation de l’attaquant. Mais, comme d’une année à l’autre les rapports politiques peuvent changer, il est clair que cette règle générale présentera toujours de nombreuses exceptions.

Il ne faut pas perdre de vue que tout ce que nous disons ici n’est pas moins applicable au défenseur quand il passe à l’offensive, qu’à l’attaquant lui-même aussi longtemps qu’il persévère dans la forme initiale de son action. Il est certain que celui des deux adversaires qui se sent en état de prétendre au renversement absolu de l’autre ne se résoudra pas facilement à recourir à la forme défensive dont le but immédiat n’est que la conservation, mais, comme nous avons reconnu que dans la stratégie aussi bien que dans la