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chap. iii b. — grandeur du but et des efforts.

dire qu’un Newton hésiterait devant un problème algébrique aussi compliqué.

Mais si les complications et la crainte de la responsabilité paralysent la liberté et l’activité de l’esprit dans les natures ordinaires, elles stimulent le génie et lui donnent des ailes dans les natures supérieures, de sorte que, dans l’importante question que nous traitons ici, c’est précisément la multiplicité et l’étendue des rapports qui la compliquent qui, pour ces dernières, en rehaussent la valeur et les sollicitent à la résoudre.

Il nous faut donc tout d’abord reconnaître que le jugement à porter sur une guerre prochaine, sur le but à y poursuivre et sur les moyens à y mettre en œuvre ne peut résulter que de l’étude des traits les plus caractéristiques du moment et de l’ensemble des rapports existants ; que ce jugement, comme toutes les appréciations à porter à la guerre, ne peut jamais être absolu et qu’il y faut tenir compte des qualités particulières des princes, des hommes d’État et des généraux, soit que ces personnages forment des individualités diverses, soit qu’ils se trouvent réunis en un seul et même individu.

Le sujet devient général et plus susceptible d’analyse lorsque l’on considère les rapports généraux des États tels que le temps et les circonstances les ont établis. Nous allons donc, à ce propos, jeter un coup d’œil rapide sur l’histoire.

Les Tartares à demi civilisés, les républiques de l’ancien monde, les seigneurs féodaux, les villes de commerce du moyen âge, les rois du XVIIIe siècle et les princes et les peuples du XIXe, tous font la guerre à leur manière et, par des moyens divers, y poursuivent des buts différents.

Les Tartares émigrent en masse, avec femmes et enfants, vers de nouvelles régions. Comme nombre,