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l’offensive.

1o Que les forces que l’on consacre à la diversion n’affaiblissent pas la puissance de l’attaque principale.

2o Que l’opération mette en danger des points de grande importance pour le défenseur.

3o Que la population, mécontente de son gouvernement, ne soit pas favorable à l’action de la défense.

4o Que la province sur laquelle on opère présente des ressources considérables en moyens de guerre.

On comprend que l’on ne trouve pas fréquemment l’occasion d’opérer une diversion quand, pour l’entreprendre avec succès, il faut dès le principe qu’elle satisfasse à ces diverses exigences.

Il nous reste cependant à examiner un dernier mais très important côté de la question. En opérant une diversion on porte la guerre dans une contrée qui en serait probablement restée à l’abri, et l’on sollicite ainsi à se produire des forces de résistance qui sans cela ne se seraient jamais manifestées. Ce résultat est d’autant plus sensible que l’organisation défensive du pays repose davantage sur des milices et sur la levée en masse de la population, mais, en outre, il est dans l’ordre des choses, et l’expérience d’ailleurs le démontre suffisamment, que, lorsqu’une contrée sur laquelle il n’a été pris aucune disposition défensive préalable se trouve tout à coup menacée d’être envahie par un corps détaché de l’ennemi, tout ce que cette province possède de fonctionnaires énergiques met tout en œuvre, réunit tous ses efforts et ne recule devant aucun sacrifice pour en protéger et défendre le territoire, ce qui provoque aussitôt des principes de résistance très voisins de ceux d’un soulèvement populaire et peut facilement y mener. On voit combien il importe d’examiner l’opération à ce point de vue car, entreprise dans ces conditions, une diversion peut conduire l’attaque à sa perte.